Arusha II: Grand boulevard ouvert au pouvoir à vie de Nkurunziza (par Eric Nduwayezu)

NKURUNZIZA 30112017 092849Le retour de la paix au Burundi par Arusha II semble être utopique. Le mal se trouve du côté de la soi-disant médiation et de la soi-disant opposition burundaise. Les Burundais se demandent s’il faut, par Arusha II, espérer  un lendemain politiquement meilleur : des dirigeants dignes de ce nom, une bonne gouvernance avec toutes ses caractéristiques, etc. Les signes de cet espoir s’éloignent à grande vitesse. Dans tout ce qui se fait, il faut toujours une base solide. Et dans tout ce qui se dit, un minimum de sérieux qui crée au moins un peu de crédibilité. Une forte fondation de la paix pour le Burundi sera le fruit de la sincérité, de l’honnêteté. Une fondation se pense profondément. Si elle résulte d’une pensée précipitée, la suite ne sera que l’écroulement de toute une bâtisse et on repartira de zéro. La signature d’accord d’Arusha en Août 2000 avait donné  un espoir de retour de la paix au Burundi. Faux espoir car l’immunité ne remplace jamais la justice.

La justice est le pilier de toutes les sociétés, grandes et petites. En cas de malentendu ou conflit ouvert, on fait recours à la justice pour rétablir l’ordre et l’entente. En politique fondée sur la démocratie, il y a toujours un ou des partis politiques de l’opposition. Une vraie opposition aide un vrai pouvoir à bien gérer le pays. Et chacun apprend sur l’autre malgré un désamour entre les deux. Ce qui manque cruellement au continent africain en général et au Burundi en particulier, c’est une opposition forte et solidaire. Les idées publiquement exprimées n’ont rien à voir avec la pratique sur terrain : on se réclame de l’opposition et on applique la politique du parti au pouvoir pour garder son poste. La politique rapporte gros et très vite.  L’argent n’a pas de couleur et le ridicule ne tue pas ; dit-on. Les mécontents d’un même parti vont créer des branches/ailes de partis sous l’étiquette de « politiciens de l’opposition ». L’objectif reste le même : se remplir les poches et tourner le dos contre la population. Voilà le vrai visage de ces politiciens qui n’en sont pas uns, le pire des malheurs pour la population qui croit aveuglement en de tels gens !

Que peut-on attendre d’Arusha II ?

On ne cessera jamais de le dire. Arusha I (Accord de 2000) a été un échec très cuisant pour le Burundi. Réussir la 2ème session  (Arusha II)  dépendra de la ferme détermination à corriger les erreurs commises en 2000 (Arusha I). Les pays qui ont connu une situation semblable à celle du Burundi ou qui l’ont évitée sont parvenus à un accord durable pour la sécurité des communautés au paravent en conflits. L’alternance politique à la tête du pays  y a été sérieusement pensée, réfléchie et s’y déroule en douceur après un ou deux mandats.  Prenons les cas du Nigeria (Afrique de l’ouest) et du Liban (Moyen-Orient). Après des années de guerres meurtrières entre musulmans et chrétiens, l’accord sur le partage du pouvoir a donné de très bons résultats. Bon exemple à appliquer au Burundi entre bahutu et les batutsi.

Malheureusement, les politiques burundais ont d’autres objectifs : se maintenir ou accéder au pouvoir pour se remplir les poches. Pour eux, tous les moyens sont bons pour y parvenir. Les prédécesseurs et leurs successeurs ont une devise codée en commun: «toi et moi sommes tous coupables ; continuons notre route et laissons la société civile et les médias se plaindre, les rescapés grogner dans leurs coins »! Lors de la signature d’accord d’Arusha en août 2000, il fallait prendre pour modèle le Nigeria et le Liban afin d’en finir avec les conflits hutu – tutsi. Les partis signataires n’ont jamais pensé à l’avenir du pays, ni de leurs partis politiques, non plus de leurs groupes dits ethniques qu’ils prétendaient défendre. Aussi longtemps que les voleurs, criminels, corrompus et j’en passe se succèdent au pouvoir sous l’étiquette tutsi ou hutu, au revoir la paix !

Arusha II a du plomb dans l’aile et peine à faire même un pas en avant. Les gagnants restent : les organisateurs dits « médiateurs » et le pouvoir sanguinaire de Bujumbura. Le peuple burundais reste meurtri ; sans défense, ni secours. Arusha II a  toutes les chances de se terminer en queue de poisson.

Quel degré de force de l’opposition burundaise ?

Avant d’être fort ou faible, il fait exister. Y a-t-il une opposition politique au Burundi? La réponse est Non. Ceux qui se disent « opposants » sont répartis en 2 groupes :1) les « Havendahasubire » en kirundi ou les «Ôte-toi pour que je m’y mette » en français, 2) les espions pour le compte du gouvernement fantôme : les soi-disant frondeurs. Ce dernier groupe n’a jamais coupé contacts avec Nkurunziza Pierre et son entourage. Il leur transmet toutes les informations de ce qui se passe au sein de la diaspora. Lesdits frondeurs et l’entourage de Nkurunziza se donnent rendez-vous en dehors du Burundi, dans des hôtels bien connus. Le point commun pour les deux groupes ci-haut cités n’est que la soif du pouvoir, seul moyen de s’enrichir en très peu de temps sur le dos et dans le sang des pauvres Barundi. L’«expérience en politique » vantée chez certains, l’ancienneté dans l’un ou l’autre parti, la démagogie très élevée chez d’autres sont leurs moyens de survie qui maintiennent tout un pays dans la misère sans nom, crimes à petit feu, enlèvements ou portés disparus, emprisonnements abusifs, corruption à une vitesse folle, l’impunité,etc.

S’il y avait réellement une opposition, les « politiciens » auraient renforcé l’ADC-Ikibiri mise en place en 2010 au lieu de fabriquer, en août 2015, une autre coalition.  Revenir à l’ADC-Ikibiri  avec la même détermination serait plus sérieux que d’ouvrir grandement la porte à celui qui t’espionne pour le compte de ton ennemi. Les soi-disant frondeurs du CNDD-FDD rongent une opposition déjà instable. S’il y avait une opposition digne de ce nom, elle n’aurait jamais accepté le président ougandais comme médiateur. Comme le point de départ de la crise actuelle est la candidature illégitime et inconstitutionnelle de Nkurunziza de 2015, le vrai médiateur n’aurait été, en aucun cas, une personnalité comme Museveni qui est au pouvoir depuis 1986. Un Museveni qui n’a aucune qualité, petite soit-elle, d’un président contemporain.

En 2015, Museveni venait de passer 29 ans au pouvoir. Quelle leçon avait-il à donner à celui qui venait d’y passer 10 ans ? C’est cette absence de médiateur démocrate qui va faire durer le malheur des Barundi. Si au Burundi il y avait  de vrais opposants, politiciens patriotes, comment n’auraient-ils pas exigé à la Tanzanie de montrer ou se trouvent les quatre dirigeants du FPB arrêtés sur son sol et portés disparus depuis plus d’un mois ? Leur point d’intérêts se trouve ailleurs. Si une vraie opposition il y avait, elle devrait  rejeter en dernier lieu Mkapa qui a publiquement qualifié de fou quiconque dénonce les crimes commis par son protégé qu’est Pierre Nkurunziza.

Qui résoudra la crise burundaise ?

Une vraie opposition composée de nouveaux visages qui n’ont jamais trempé dans les crimes de sang ou économiques. Cette équipe aurait la force d’imposer aux Nations-Unies les vrais médiateurs capables de trancher sans côté penchant. Un autre élément très important qu’il ne faudra plus négliger pour éradiquer définitivement les massacres cycliques : alternance hutu – tutsi à la tête du pays. Cette alternance s’appuierait sur une armée et une police républicaines et non partisanes comme c’est le cas actuellement dans le royaume du muhanza de Mwumba.

En dehors de ça, toute  autre proposition ne sera qu’éphémère. Aussi longtemps que ces éléments : véritable opposition et vrais médiateurs ne sont pas encore trouvés, à nous les Barundi d’endurer les maux de toutes sortes nous imposées par Nkurunziza et les siens jusqu’au nouveau miracle.

 Par NDUWAYEZU Eric

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